mercredi 3 octobre 2012

Anges et démons


Lui:


Les gens vont et viennent.
Ils butinent le nectar de la vie.
Certains ne sont que de passage, des « survenants », des éphémères.
D’autres… Partagent de longs fragments de notre vie.
Ceux qui embellissent notre existence et y laissent un goût de miel sont des anges.
Ils rendent la pénombre plus lumineuse, le froid moins mordant.
Même le vin est meilleur, en leur compagnie.
Par contre, ceux qui laissent une blessure sanglante et répandent leur fiel sont des démons.
Ils écourtent nos nuits sans froisser les draps, nos yeux ouverts, paralysés de rage ou de terreur, les poings serrés.
Ils sont les mites dans la courtepointe de notre existence.
Ils nous manipulent par le remord, nous font douter.
« J’aurais pu faire mieux! »
« Je le savais, mais pourquoi n’ais-je pas agi! »
L’espace qu’on accorde à chacun fait de notre vie un paradis ou un enfer.
Laisser la marque d’un démon ternir le bonheur de vivre, c’est concéder une victoire au mal et donner de l’importance à la douleur.
On ne peut revenir en arrière.
Ce qui est arrivé est arrivé.
C’est immuable.
On peut vouloir faire amende honorable, rectifier le tir.
Il faut tirer un enseignement positif de tout ça.
C’est ce qu’un ange vous dirait.
Mieux vaut donner de l’importance aux anges. Aux amis qui vous aiment comme vous êtes, entier, avec vos défauts.


Je ne dis pas d’ignorer complètement les démons.
Se rappeler qu’ils existent aide à les tenir loin ou à les voir venir.

Il faut peut-être dominer nos peurs. Parce que la peur est un outil.
Elle appelle à la prudence. Elle est le gardien qui surveille.
Il ne faut pas écouter la peur, mais s’en servir.
En faire son allié. Laisser la peur vous dominer, c’est abandonner la joie et l’audace.
C’est tourner le dos à la spontanéité et fermer les yeux, en attendant le coup de grâce.
Vivre dans la peur, c’est un peu mourir.
Ouvrez la porte au bonheur, le reste suivra.
Laissez sa chaleur réchauffer votre maison.
Devenez son ambassadeur.
Cependant, il faut savoir…Que les démons sont parfois là pour nous apprendre ce que nous ne voulons pas apprendre avec les anges.



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Elle:

Quel concept totalement en manque de nuances.
Blanc ou noir.
Comme si les anges ne pouvaient pas être parfois de vrais démons.
Voir que les démons n’arrivent parfois pas à être des anges…
Voilà que je me bute à ce thème depuis le début de la semaine.
J’ai envie de parler des démons de ma vie. Des anges surtout.
Car des deux il y en a eu.
Et parfois personnifié par une seule et même personne.
Il y a aussi les démons intérieurs qu’il faut combattre constamment. Ceux qui nous empêchent d’avancer, de voir le soleil même lorsqu’il brille.
Ces démons que l’on nourrit avec nos peurs, nos rancunes, avec l’envie, la jalousie, le désir parfois aussi.
Il y a les apparences trompeuses à déjouer.
Je me rappelle quand ma fille était petite, elle avait vu un monsieur très âgé, ridé et pas tellement favorisé par la nature, bref, pour son regard il était laid. Elle m’a dit bien fort : « regarde maman le méchant monsieur ».
J’étais scandalisé. Pour elle, déjà vers 3-4 ans, la laideur était l’égale de la méchanceté.
J’ai vu tout le travail que j’avais à accomplir pour démontrer qu’il y avait chez les gens jolis de très vilaines personnes et chez les gens laids de très gentilles personnes. Et entre les deux… Des gens bien ordinaires, qui oscillent entre les deux pôles au gré des humeurs ou encore des événements.
Dans les films de Walt Disney la nuance est rarement établie. Et les princesses gentilles sont très jolies, et les princes charmants, sauveurs de tous les diables le sont aussi. Les vilaines sorcières sont vieilles, ridées et pas tellement jolies. Du moins lorsqu’elles font des méchancetés!
Les mamans aussi ont tendances à devenir moins belles lorsqu’elles punissent leurs enfants. Mes enfants, même grands comme ils le sont maintenant, me disent que mes yeux si bleus d’habitude, deviennent noir comme charbon quand je suis en colère.
Comme quoi, même les anges comme moi, peuvent devenir des démons incroyables!
Je fais des détours, je tergiverse, je louvoie. 
La fuite est un de mes démons préféré.
Je connais des petites filles qui ont vécu avec des démons quand elles étaient petites. 
Ils n’en avaient pas l’air. 
Mais pour elles, leur odeur est à jamais associé aux côtés noirs de la force.
Ils faisaient pourtant partie de ceux que l’on félicite pour leur altruisme, pour leur générosité. 
Tellement généreux en effet!
Généreux sur le contrôle dans ce qu’il a de plus insidieux, dans la peur qu’on inflige à des enfants pour pouvoir mieux les manipuler, pour en faire de petits jouets, de petites femmes avant le temps.
Les démons qui vivent dans la même maison que des enfants, quelle horreur! 
Pire que les films d’horreur que l’on se tape à l’adolescence…
Ces filles ont vécues la peur au ventre, avec des cris qui restent si intensément pris dans la gorge qu’elles n’ont pas su pendant longtemps faire la différence entre l’angoisse et une amygdalite.
Ces filles sont devenues des femmes aujourd’hui. Elles ont eu à passer à travers tout un processus de guérison et elles ont dû faire confiance même si la peur leur faisait voir des démons partout. Elles ont appris à reconnaître les anges. Elles ont aussi compris que les démons de leur enfance avaient probablement aussi eu à faire avec des démons… Ce qui n’excuse en rien, mais qui aide à vouloir guérir pour briser le cycle démoniaque des violences, le cycle du malheur qui a cette odeur tenace qui nous colle à la peau et surtout dans le fond du regard. Car ces filles aujourd’hui des femmes, ne se laissent pas regarder au fond des yeux par n’importe qui. Même qu’elles n’oublient jamais d’où elles viennent. Elles sont prudentes, vaillantes et aux aguets. Fébriles peut-être?
Mais je les connais.
Elles sont surtout heureuses d’avoir su être capable de donner la main aux anges qui sont passé dans leur vie. Ne serait-ce que le temps d’un après midi. Parfois il n’en fallait pas plus, pour les aider à croire que la vie était belle. À croire que la lune qui brille dans le ciel, brille aussi pour elle. Même qu’elle éclaire tellement, qu’elle aide à écrire des histoires dans les draps, sur la tapisserie à côté du mur. Avec l’encre invisible de l’imagination, mais c’est ça l’important. Cette imagination qui aide à grandir le plus sainement possible.
Ces femmes, ça peut être votre mère, votre sœur, votre cousine, votre meilleure amie, votre enseignante, votre collègue…



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