vendredi 2 mars 2012

Espoirs

Lui:
Nous pensons souvent que les rêves ne sont que des créatures chimériques.
Peut-être.
Ils ne sont toutefois pas tous éphémères.
Certains aboutissent même sur des réalisations concrètes.
Parmi les rêves moins grandiloquents, ils s’en trouvent qui prennent place dans notre quotidien. Un tel rêve d’une carrière, une autre d’une famille. Même celui-là qui rêve d’un vélo rouge pompier. Qui suis-je pour juger?
Quand les rêves sont emportés par les vents de la désillusion, c’est la réalité qui s’effrite.
Soudainement, plus rien ne nous oblige à sortir du lit, à affronter le quotidien.
 La vie est toujours la même, au-dehors… Mais à l’intérieur, c’est la grande noirceur.
Lorsqu’on perd ses repères, qu’on traverse un deuil, comment faire pour se retrouver. La douleur et l’incompréhension prennent toute la place. Ils absorbent la lumière comme un cancer gruge la vie. Ils gangrènent les germes du plaisir et de la joie pour faire place au désarroi et à l’incompréhension.
Les rituels sont encore là, mais le cœur n’y est plus.
Pourquoi?
Pourquoi devoir se lever, engager la conversation avec un collègue, répondre au téléphone.
Il n’y a que les rêves qui soient assez fort pour nous porter au bout de leur bras, contre vents et marées.
La peine et la douleur sont parfois plus fortes que les rêves.
Cette sensation de chute vertigineuse, comme si le sol se dérobait sous vos pieds à chaque pas.
Ce sentiment de n’être pas à la bonne place, de ne pas dire les choses adéquates. Quand les idées se bousculent et que notre esprit s’empêtre dans ce grand rien, ce vide… Ce vide ridicule qui aspire tout.
Lorsqu’on sent le tissu même de notre réalité se déformer, aspiré par le vide. Lorsqu’on sent notre raison vaciller et vouloir faire place à la folie.
Il faut savoir affronter la tempête, s’accrocher, jusqu’à ce que les premiers rayons de soleil touchent notre cœur et nous rappellent qu’il reste de l’espoir.
L’espoir des autres rêves, ou de rêves nouveaux. Quelque chose qui nous redonne envie d’affronter le quotidien et nous réchauffe de l’intérieur.
C’est pourquoi je crois fermement qu’il faut cultiver le rêve. Il faut toujours en avoir un de rechange dans sa poche, en cas de coup dur.
Qui sait, peut-être même qu’il est possible de le refiler à un pote en peine. Si ce rêve lui convient, qu’il puisse l’emporter avec lui, blotti contre son cœur comme un chat qui ronronne.
Pour moi, le rêve est un beau paradoxe, car il fait partie de la réalité.
Sans rêves, points de salut.
C’est ce qu’il y a de plus beau dans l’homme.
Ce qui le distingue du monstre qu’il sait parfois devenir.
Et comment fait-on pour cultiver le rêve?
Avec une dose d’espoir. Un phare qui nous ramène à l’essentiel, à la raison du pourquoi et du comment. Une motivation qui nous galvanise, pour endurer l’insoutenable grisaille d’un bureau sans éclats de rire par exemple.
Les hommes lui donnent toute sorte de noms.
Parfois, c’est la religion.
L’amour aussi est très puissant.
Mais le temps peut balayer tout ça. L’espoir subsiste quand même. Il est contagieux. Il se transmet.
Pour moi, l’espoir, c’est un lampion. Une petite flamme qui réchauffe l’âme.
Une lumière qui me ramène à l’essentiel et me permet de me recentrer sur mes rêves.
Essayez pour voir.
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Elle:
Il était une fois, une toute petite fille qui avait les yeux bien plus grands que son visage. Bien sagement elle attend sur la galerie, en jouant à la poupée!
Sa tante vient la chercher pour aller au Parc Belmont!
Elle est tout excitée car elle sait qu’elle va aller manger au restaurant et franchement, elle ne pourrait dire quelle activité entre les deux elle attend le plus!
Elle sait par contre que tout sera une joie, tout sera agréable et que tout aura une saveur nouvelle!
Elle est impatiente et elle attend fébrilement, parce qu’une fin de semaine chez sa tante qu’elle trouve si belle et si raffinée, ce n’est pas rien!
Même que chez elle il y a toujours des fleurs coupées.
À toutes les fois la petite fille aux si grands yeux se dit que, lorsqu’elle sera grande, elle aussi ira choisir chez le fleuriste, les plus belles et les plus odorantes fleurs pour décorer son appartement.
Sa tante a aussi une chienne. Une belle coquette qui, comme dans les films français, va partout ou presque avec elle.
La petite fille en vient à croire que sa tante vit dans un film.
C’est long! Elle ne se peut plus d’attendre!
Plus le temps passe, plus la petite fille désespère.
Et si elle m’avait oubliée?
Ce n’est pas les gens chez qui elle vit qui vont la rassurer. Ce sont des rabat-joie, qui se font un malin plaisir à barbouiller ses bonheurs. Ils savent rendre laid le rose qu’elle aime tant. Même le rire chez eux est laid. Jamais teinté de bonheur, toujours alourdi de peurs, de jalousies et de méchancetés.
Comme elle est contente de partir respirer du beau, du net et du croustillant ailleurs! Elle sait que chez sa tante, il y aura du beau monde, de bonnes choses à manger et plein, mais alors là plein de bandes dessinées! Juste pour le plaisir, juste parce que c’est agréable.
Elle adore quand elle lui souhaite bonne nuit en l’appelant sa puce. Être une puce dans la bouche de sa tante, ça veut dire être une belle princesse, être grande et importante.
Mais là… sur la galerie du deuxième étage, le jour tombe de plus en plus et sa tante n’arrive pas.
À chaque voiture qui tourne le coin, elle arrête de respirer.
C’est elle!!!
Non…
Elle commence à ressentir cette boule dans la gorge qu’elle connaît bien.
Et si elle ne venait pas?
La peur au ventre elle n’ose bouger, n’ose faire part de son angoisse…
Elle prie.
Mon Dieu, mon dieu… faites que ce soit la prochaine voiture!
Mon Dieu, mon dieu, je serai gentille, je promets que je vais écouter plus.
Mon Dieu, mon dieu, faites qu’elle ne m’ait pas oublié.
….
Je ne me souviens plus de ce qui se passe dans l’histoire entre les litanies de la petite fille sur la galerie et l’arrivée de sa tante si raffinée.
Mais…
Je sais qu’elle est finalement allée manger au Pondérosa et qu’elle a vu tous les manèges du parc Belmont! Elle a glissé dans la maison hantée et elle a fait les montagnes russes qu’elle adore!
Toute la fin de semaine le rose a été beau et le temps doux. Elle s’est promené une main dans la main de sa belle tante et l’autre main tenant la laisse de Coquette la belle chienne qui sait s’asseoir tranquille au restaurant.
La petite fille sait que ces moments sont rares et précieux.
Elle les garde dans un tiroir secret dans sa tête.
Secret et magique, car elle peut y aller toutes les fois où la vie est rude et même dure avec elle. Elle y va et arrive encore à sentir les fleurs fraîches et le parfum de sa belle tante Marie.
Car chez elle, elle est bien plus que la petite fille aux yeux trop grands… Elle est une belle puce. La belle puce de sa tante!