mardi 26 mars 2013

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Lui:

J’ai envie de me fondre en toi,
de me consumer dans ton brasier,  
mourir un peu, pour renaitre un peu mieux.
Plus léger, un petit élan, pour m’envoler.
Pas suffisant je sais, mais assez pour garder la tête hors de l’eau et ne  pas étouffer.
Juste au-dessus des nuages, loin du firmament.
Pour regarder à perte de vue, les sommets à gravir,
des existences meilleures, mais pas la mienne.


Des pics et des monts dont on ne voit pas la base,
des sommets merveilleux trônant parfois sur le désespoir,
la peine, les regrets, des forêts de rochers plongées dans le noir.
Parfois on oublie notre propre bonheur,
à trop se concentrer sur celui des autres.


Je retombe doucement, contre ton corps.
Entouré de draps froissés, témoins du plaisir.
Un chat, dans la fenêtre, ronronne sous le soleil,
dont j’accroche les rayons pour t’en offrir un bouquet.


J’ai envie de partir avec toi, très loin.
M’enfuir des tracas, t’amener découvrir notre bonheur.
Mais, ton index sur mon nez, une moue coquine,
tu me regardes frondeuse en me faisant la morale.
Il est ici, notre bonheur.
Palpable, absolument temporel, à consommer immédiatement.
Il faut le labourer dans ta terre fertile, le semer, pour le récolter demain,
et tous les autres jours à venir.


Mes plans d’évasions et mes envies d’ailleurs s’évanouissent.
Je replonge dans tes yeux me coller contre ton âme et partager nos rires. Tu es mon port d’attache, je suis ton phare bravant la tempête,
en érection dans les remous et les vagues déchainées,
comme autant de folles passions exaltées.


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Elle:

C’est quoi ce bruit?

Est-ce que tout est OK?

Je regarde tout autour et tout le monde à part moi semble se comporter avec aisance.
Mes enfants sont partout, mais pas à côté de moi.
Mon amoureux aussi est seul, mais il dort, ça ne le dérange pas.
Et moi.
Je n’ai personne à qui donner la main pour soulager un peu l’angoisse qui me gagne, quand
je suis plus haute que les nuages.
C’est la nuit. On ne voit rien que du noir.
Parfois au loin un autre avion qui vole.
Il est si près.
On pourrait avoir un accident non?
(Respire, respire…)
Je me concentre sur le film qui est nul.
Mais ça m’aide à penser à autre chose.
Je regarde le visage des agents de bord.
Comme le personnel semble fatigué.
Mais ne semble pas inquiet.
Je ne suis pas à côté du hublot, mais bien de l’allée…
Alors je me sens bousculé à chaque fois que quelqu’un passe pour les toilettes ou encore pour vendre du vin ou du parfum ou je ne sais quoi!
Le personnel à bord nous tient occupés.
Des brochures à remplir.
Des trucs que l’on peut acheter.
Les choses à manger, à boire.
Gentil, courtois, mais avec les traits tirés.
Est-ce parce que le vol va mal??
J’essaie de dormir, mais n’y arrive pas.
Trop tendue.
Je retourne aux souvenirs si proches de nos vacances en famille.
Cuba et son rhum.
Cuba et ses gens si charmants.
Cuba et la plage.
Cuba et son bleu si lumineux.
Et puis…
Orages. Plusieurs orages!
Nous survolons une zone orageuse, mais par-dessus.
Je regarde par le hublot et je vois les éclairs qui descendent vers la terre.
C’est magnifique!
Si la pensée d’être si haute et si vulnérable dans les airs ne parvenait pas à ma conscience, je pourrais profiter de toute cette force de la nature.
Plus bas, une grande ville!
New York peut-être?
C’est immense, lumineux et sous la pluie!
Nous, nous regardons de haut.
Nous ne faisons pas partie de la tempête, on observe.
Je me lève pour passer le temps.
Aller voir mes enfants qui rêvent de New York et leur dis de regarder en bas… de regarder l’orage.
Je les réveille! (Coudonc… Il n’y a que moi qui suis inquiète dans les avions ici???)
Je me rassois. Pas fière de moi.
Et essaie de me détendre.
Encore!
Quelqu’un dit que nous sommes arrivés au-dessus de Montréal.
Et ma foi.
C’est vrai!!!!
Comme elle est belle ma ville!
Comme j’aurais voulu la regarder avec les mains de mon amoureux dans les miennes.
Quand j’ai pu distinguer clairement les lettres rouge écarlate du Vieux-Montréal.
Quand j’ai vu les silos et la montagne…
Et que je voyais clairement les ponts qui tiennent Montréal par le bras.
Je me suis sentie chez moi.
Et tellement chanceuse de pouvoir regarder cette beauté de haut.
(Pas de si haut quand même… on voit les autos clairement, les gens marcher. La 40 que l’on survole ne semble pas si basse…)
J’avais jusqu’à ce jour, vu Montréal de toutes les coutures me semblait-il.
Je ne l’avais pas encore vu à vol d’oiseau!
Comme j’aime cette ville.
Grande et petite à la fois.
Comme je l’aime encore plus, depuis que je suis avec lui.
Finalement, quand les roues ont touché le sol à Dorval.
J’ai enfin respiré d’aise et de bonheur!
J’ai eu hâte tellement de serrer mes petits dans mes bras, et l’embrasser lui.
Parce que je trouvais à cet instant précis.
Qu’on menait donc une belle vie!