mercredi 10 octobre 2012

L’inertie


Elle:
Inertie.
Ineptie de l’esprit.
Inertie.
Paralysie de l’âme.
Inertie.
Arrêt d’agir.
Inertie.
La peur de l’inconnu.
Inertie.
Voile devant tous les possibles.
Inertie.
Voie royale vers l’immobilisme.
Inertie.
Ennemie ou amie?
La mer est le contraire de l’immobilisme, avec le roulement incessant de ses vagues qui transportent tant de vie qu’on peut jeter une bouteille à la mer en Gaspésie et la retrouver des mois, voire des années plus tard, quelque part sur les côtes de l’Angleterre.
Avec son roulement incessant, des bouteilles de rhum datant des années de la conquête de l’Amérique, se retrouvent polies et fragmentées sur les berges du Nouveau-Brunswick, on peut alors les cueillir dans le sable et s’en faire mille et un bijoux magnifiques.
Le roulement incessant des vagues peut donner le tournis, la nausée, peut exaspérer le chercheur de calme et de repos.
La vie qui bat, qui foisonne et qui revendique ses droits, n’est pas reposante.
Elle existe, point.
L’inertie quant à elle, c’est la montagne immense qui prend racine aux tréfonds de la terre, qui s’y enlise au point de faire partie du paysage et de ne plus en disparaître. Elle est si solide que la vie elle-même y prend racine et se développe.
L’inertie a la stabilité des racines d’un olivier qui peut vivre jusqu’à 300 ans dans la même terre et continuer à donner des fruits. Car oui, l’inertie sait aussi être fertile, sait aussi être utile.
Lorsqu’inerte petite, je regardais les nuages en inventant mille et une histoires, je travaillais mon imagination fertile. Maintenant si je suis couchée trop longtemps à les regarder, je suis cette montagne qui ne bouge pas, mais je ne suis pas certaine d’être fertile dans la vie utile. Ma vie de mère et de femme. Je ne suis certes pas utile à travailler sur mes rêves. Je ne fais que les pelleter, ces nuages en formes d’images.
Pourtant. Je pense qu’il est important de jouer sur les deux pôles. Important l’inertie, importante l’action aussi.
L’équilibre, le pont entre la montagne et la mer, c’est peut-être le lieu où il faut être. Un peu jongleurs de rêves et agitateurs d’eau. Un peu comme un lotus qui sait si bien flotter sur les eaux, être assez stable pour qu’un crapaud vienne s’y reposer et de par sa présence, enjoliver l’espace tout en permettant à la vie de croître…
Soyons lotus, soyons rêveurs, soyons actions.
Soyons le pont entre la montagne et la mer….



Lui:
C’est la montagne qui ne viendra pas à vous.
C’est la rançon de l’effort.
Un plongeon qu’il faut faire dans des eaux troubles, loin du confort.
C’est le début d’un long siège. D’un matin brumeux que le soleil ne parvient pas à réchauffer.
L’ennemi en nous, s’infiltre et nous vide de notre énergie vitale.
La seule arme pour combattre l’inertie, c’est l’action.
Elle semble bien lourde.
Dans son socle de pierre.
Dans sa gangue de rouille.
Toute autre solution s’approche dangereusement du déni;  un allié de l’inertie dans ce combat entre la lumière et l’obscurité.
Ses doigts glacés nous gardent dans les profondeurs cachées, distordent la réalité, nous empêchent de tenter une sortie pour briser l’isolement.
Elle fait briller de mille feux les raisons de ne pas agir. Elle les rend rutilantes, attirantes.
Des raisons pour s’enfoncer.
Y céder, c’est risquer l’amertume, le regret. C’est  voir le firmament recouvert d’un voile sombre.
Il faut briser le miroir qu’elle nous tend. Celui qui nous renvoie l’image détestable de cette personne que nous fuyons. Ce reflet qui fragmente notre estime et nous rend si fragiles que seule la fuite semble devenir une option.
Il faut se concentrer sur l’essentiel.
Ce que nous voulons.
Y croire vraiment.
Foncer.
Défoncer.
Hurler sa joie de vivre dans ses gestes et sa passion.
Se libérer enfin et prendre notre envol : Se réaliser.

Et plus tard, avoir ça à raconter devant un bon café.
Comme un enfant fier de son coup, pour qui la vie est encore un immense terrain de jeu.
Oui. Raconter ses faits d'armes comme les bardes le faisaient, autrefois.


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